Shutter Island


Ce lieu partage son histoire avec son jumeau, Doppelganger.

Si vous avez déjà lu cet article, inutile de lire la partie "histoire" du lieu.


Histoire :

 

L'histoire de ce spot est assez ancienne.

Tout commença au XIXème siècle : une communauté religieuse se forme et a pour but de travailler avec des humains nécessiteux et à différents niveaux, que ce soit éducatif, prise en charge des handicapés ou soins infirmiers pour malades mentaux.

 

Dans les années 20, la congrégation décide de construire un institut psychiatrique dans la région pour combler leur absence locale. En effet, si un institut d'infirmières (dédié aux femmes) était déjà construit à l'époque (devenu aussi un urbex - mais c'est une autre histoire), aucun institut pour homme n'existait, et il devenait important d'en bâtir un.

 

C'est ainsi que, sous prétexte d'aide psychiatrique mais sur fond de rivalités religieuses et éducatives, un Arrêté Royal autorisa le début des travaux d'un "asile pour aliénés nécessiteux", dans ce lieu réputé sain et calme.

 

 

Anecdotes : les ouvriers venant aider à la construction furent tous logé dans le premier bâtiment sorti de terre : la "maison de la mort" (que je suppose être une mauvaise traduction de morgue).

De plus, il y avait tant de demandes d'internements à l'époque qu'à chaque fois qu'un pavillon ou une salle de soin ouvrait, il était mis en service presque immédiatement.

 

 

Le domaine était imaginé parfaitement symétrique et hiérarchisé, avec au centre la chapelle (cet institut reste un centre religieux) et parsemé de nombreux jardins, tous géométriques et influencés par le style "Nouveau Pittoresque". Les différents pavillons et unités sont quand à eux prévus pour être d'une architecture éclectique, basée sur les styles historiques locaux.

 

 

Commençant par les salles de soins, ce fût ensuite au tour de la chapelle, du bâtiment administratif, de la salle des fête et enfin du complexe agricole d'être bâti et de signer l'ouverture "officielle" du lieu, quatre ans après l'Arrêté.

Un an à peine après son ouverture, environ 350 patients avaient déjà été admis, atteignant 900 avant guerre.

 

Suite aux dégâts de la seconde guerre mondiale, l'arrivée de nouvelles connaissances psychiatriques, l'amélioration des médicaments, le changement des techniques de thérapie et des politiques gouvernementales, de nombreuses mesures d'ajustements et de reconversions ont changé le site, brisant sa symétrie originelle en créant de nouvelles annexes (comme un centre de réadaptation ou un complexe sportif), et en fermant d'anciens pavillons jugés trop vieux.

 

C'est ainsi que naquirent Shutter Island et son jumeau (maléfique d'après certains), Doppelganger.

 


Découverte :

 

Après une première tentative d'entrée ratée, nous revenons à la charge après avoir visité Doppelganger : même si Shutter est plus connu et a subit un incendie récemment, nous sommes persuadé qu'il y a encore beaucoup à voir.

 

Une fois l'accès trouvé, nous nous rééquipons et entrons, lampes en main. Comme son jumeau, il est tout remplit d'objets et, par son architecture et le temps nuageux dehors, il fait parfois très sombre à l'intérieur.

Ce monticule d'objets en tout genre (lit, tables, chaises, ...) nous décourage de prendre des photos, et nous entrons dans les pièces annexes.

 

La première pièce est accueillante : une croix renversée (ou croix de saint Pierre - parfois symbole de Satan ou de l'antéchrist), une baignoire et des murs ensanglantés, et enfin des poupées en partie décapités jonchant le sol font office de premier contact. Sympa.

 

Je prend quelques photos rapidement et laisse mon camarade à trépied derrière moi : nous avons peu de temps, et je tiens à repérer les zones les plus importantes du lieu.

Progressant rapidement à travers salles et couloirs, je manque de peu de percuter une table. Déplacée pendant l'incendie, elle est alors dans un équilibre instable et ne demande qu'à tomber sur le premier aventurier maladroit.

 

Je termine ma course de l'autre côté du bâtiment, où m'attendent une nouvelle baignoire et une autre pièce, une petite chambre lugubre.
Les poupées sont toujours là, mais leur tête bien vissée sur leurs épaules cette fois.

Dans la minuscule chambre, je remarque un détail : des petites toilettes perdues à côté du lit. Trop petites pour un adultes, et bien trop basses pour une personne âgée.

 

Ce bâtiment était-il dédié à des enfants ? Qui enfermerait des enfants ici ?

 

Puis je me souvient qu'à l'époque, certaines pathologies mentales étaient soignées par des électrochocs cérébraux. J'espère que ce n'est pas le cas de ce pavillon. Vraiment.

 

Je suis tiré de mes réflexions par une soudaine torpeur. Une. Non, deux. Trois. Trois voix s'élèvent le long de la route longeant le bâtiment. Flash. Le bâtiment est sous surveillance.

Mon acolyte est-il au courant ? Avec tant de fenêtres autour, s'il ne s'aperçoit pas de leur présence, ça sera mauvais pour nous.

Je remballe mon matériel dont ma lampe, lui envoie un message, et presse le pas vers notre lieu de séparation.

Sur le chemin, dans un couloir noir, je sens un morceau de métal se presser contre ma jambe.

 

Je comprend que la table précédemment citée a trouvé son aventurier malchanceux.

 

Fracas.

 

C'est pas le bon moment. Les gardes sont pas loin.

 

Echo.

 

Silence.

 

Sans un bruit, je dégage ma jambe de cette satanée table. Aucun son ne vient de l'extérieur, aucun garde à l'horizon.

 

Soupir.

 

 

Rejoignant mon binôme, on décide de visiter rapidement le premier étage, divisé en deux parties.

Au Sud, se trouve une aile destinée aux divertissements : un bar et un semblant de salle de restauration, et derrière un grand rideau, une grande salle, de nombreuses chaises et une petite scène de théâtre. Des jouets et des peluches trainent au sol.

 

Je repense aux enfants.

 

Au Nord, une première salle semble être dédiée à du stockage et, vidée de tout sauf des armoires en bois, n'a rien d'intéressant à nous dévoiler.

Parmi les autres salles, deux attirent notre œil. La première, une sorte de salle de classe, est composée de nombreuses chaises, d'un tableau noir et d'un support en metal, où quelques peluches sont pendues. Une odeur pestilentielle emplie la salle, et, replaçant mon masque sur mon visage, j'espère alors qu'il ne s'agisse que des livres pourrissant.

La seconde est une petite chambre où, à nouveau, des peluches et des croix cohabitent dans un environment lugubre et sombre.

Une peluche de schtroumpf trône sur le lit.

 

 

Je repense aux enfants.

 

 

Le couvre feu français nous pressant et ayant un dernier spot à visiter, nous décidons d'en rester là et redescendons au rez-de-chaussée. Des pièces ont échappé à notre visite, mais nous reviendrons.

 

Tient. J'étais sûr que nous étions entré par cette pièce. Toi aussi ? Toi aussi.

 

Les gardes.

Ne nous ayant pas remarqué, ils ont renfermé l'accès derrière nous, nous enfermant dans le bâtiment.

Ne tenant pas à rester ici pour la nuit, nous recherchons dans chaque recoins un accès.

 

Quand nous ressentons enfin la fraicheur de l'air sur notre visage, nous ne trainons pas et sortons, en refermant soigneusement l'accès derrière nous.

 

Qui voudrait passer une nuit ici ?

 

Après tout, nous ne sommes plus des enfants.


 Le reste des photos sera bientôt disponible à cette adresse. 


Disclaimer : l'urbex est une pratique dangereuse et illégale. Je déconseille fortement d'essayer d'aller sur les spots que je visite en raisons des risques physiques et légaux que cette pratique entraine.